La visée que je m’efforce de suivre consiste en l’indépendance vis à vis du numérique quand il ralentit ou dépouille d’une réflexion personnelle. C’est à dire que j’essaye de doser son usage par rapport à une introspection nécessaire.
Le problème est qu’il m’est bien difficile de dissocier un moyen d’une fin : le moyen engendre de nouvelles fins qui engendrent à leur tour de nouveaux moyens, il en a toujours été ainsi ai-je l’impression. Ainsi, le numérique participe à la modification du point de vue sur le monde, et réoriente même la façon de penser dans une remodélisation globale ou particulière. Nous avons basculé déjà dans ce monde depuis plus de 40 ans (1971 Intel) et très nettement depuis 20 ans (1990 création du www ; sans compter la façon dont le numérique s’est développé, créé, formé, qui est indissociable et issu d’une façon de vivre bien plus ancienne encore), ce qui crée un paradoxe total je crois : nous pouvons nous réjouir de ces modalités ou au contraire nous en indigner, il reste que tout concourt à l’utilisation de la façon de penser numérique : notre journée est séquencée en étapes courtes, remplies absolument comme si le vide était une horreur à fuir, la signalétique des routes, des commerces, des menus, des prix dans les commerces, des publicités associe un élément à un autre dans une inhibition propice au réflexe mais pas à la réflexion ( dans un sens de retour sur soi).
Avec une amie collègue, nous avons essayé, dans des « siestes musicales », de rompre avec ce non-temps personnel, ce temps extérieur imposé. Avec des échauffements vocaux de type relaxation, avec la mentalisation en cours sur des concepts, avec une écoute où les élèves sont allongés, j’ai essayé aussi de revenir au temps pour soi, un temps interne.
Un des points de réflexion en ce moment de la team #edmus est de penser avec talent l’infographie des notions, merci beaucoup Damien le pro du sketchnotes @Damienrennes . J’ai envie d’y ajouter ma touche en revenant à l’écrit comme je l’avais fait dans les symboles, dans les objets en carton, dans les détournements de mindmap et avec les cartes de couleur. L’écrit avec stylo en tant que rendu final me paraît bien moins à propos que l’écriture numérique. Je préfère personnellement lire un imprimé ou un ebook avec une police égale, un texte calibré, qui me fera émerger le fond narratif d’un texte. L’écrit stylo en tant que trace d’une pensée me paraît au contraire très pertinent, qu’il soit sur feuille ou écran, car il impose un temps pour soi et permet un retour réflexif lent, propice à l’autocorrection. C’est ainsi que pour adjoindre au sphérier des outils méthodologiques je reviens vers une utilisation imitative du papier avec cette carte de comparaison d’oeuvres largement inspirée de celle, parfaite, de Béatrice @LaurierBeatrice en lui adjoignant le CQQCOQP qui est un questionnement efficace je pense, pour l’avoir testé en classe bien souvent. J’ai utilisé ce système pour mes propres études, au lycée comme en fac, pour la musique comme pour d’autres matières, il est très efficace et connu de tous.
Cette carte a pour fonction d’être reproduite au brouillon, sur papier ou sur écran avec stylet ( que je n’ai d’ailleurs pas dans mes cours, c’est loin d’être une priorité). Les couleurs de l’arc en ciel sont dans un but synesthésique de facilitation de la mémorisation. Chaque oeuvre a sa mindmap et les points communs sont au centre.
Dans le même esprit, ces cartes de structures sont faites pour induire une méthodologie d’écriture rapide d’une structure. J’en avais fait l’expérience déjà en atelier, c’est aussi efficace, clair et rapide. Un élève note de simples traits comme une dictée à la volée pour symboliser la structure, ou des formes ou des couleurs s’il est à l’aise avec ces procédés. Vous avez à côté des noms des formes chaque fois des exemples d’écriture rapide.
Les formes et les couleurs prennent leur sens davantage dans les structures complexes comme ici la forme sonate dans une sonate par exemple.
Toutes ces fiches sont donc des modèles de brouillon, laissées en cours, de façon à structurer la pensée par un codage complètement intégré et utilisé par le monde numérique, et qui n’est pas sans rappeler des formes symboliques médiévales (héraldique, vitraux, enluminures, codex scientifiques etc) dont je suis assez friand sans en être un spécialiste.