La créativité 4 mesurer le potentiel créatif

Le potentiel créatif : de la mesure à son développement
Todd Lubart, Franck Zenasni et Baptiste Barbot

L’école du XX° a développé les 3  « r » (« Reading, Writing, Arthimetics »), celle du XXI° les 4  « C » («  pensée Critique, Collaboration, Communication et Créativité »)
Comment mesurer le potentiel de créativité chez l’enfant et l’adulte ?

1 potentiel créatif : quelle définition ?

  • Don : potentiel biologique (Gagné (2004, 2008), facteurs génétiques
  • Talent : réussite, réalisation du potentiel
  • Potentiel : état latent constituant un capital humain (Walberg 1988) ou une ressource pour une société

Les études montrent que les grands créateurs sont assez peu sur des domaines distincts (Gray 1966, Baer 2003)

Mais les grands créateurs peuvent être restreints à des domaines complexes interdisciplinaires (De Vinci, Bach, Pythagore, Philidor etc.)

Comme beaucoup de tâches sont similaires, le potentiel se définit en fonction d’un ensemble de potentialités. L’hétérogénéité est normale (Lubart & Guignard 2004)
Il y a correlation mais aussi compensation entre les ressources : une forte motivation peut combler un manque de savoir si le niveau minimum de connaissance est atteint. Il faut donc un seuil minimal. Un seuil élevé dans les composantes assurera peut-être une créativité grande.

Ce qui est remis en question dans le chapitre précédent consacré à la complexité. Et si l’ignorance motivait la recherche de divergence ? Et s’il fallait se diriger vers une harmonie personnalisée plutôt que vers une amélioration des performances isolées tout en permettant la remise en question ou tout au moins essayer de conserver un équilibre sur ce point ? Comment prévoir l’émergence de barrières émotionnelles sinon qu’en remodelant les associations émotionnelles de l’expérience de chacun en mettant à conscience ce besoin ? Le problème est d’ordre éthique me semble-t-il ici. Laisser à chacun le libre arbitre me semble la condition sine qua non d’une autonomie respectée. Politiquement cela a des conséquences directes sur le quotidien : un salaire minimum, une place allouée etc. Qu’en est-il dans le groupe classe ? Dans le collège ? On comprend encore mieux les ambitions de Freinet au travers de ces études. Je pense accentuer les outils proposés avec l’Atlas des ténèbres, ils me semblent répondre à cette problématique.

Il faut que le potentiel créatif soit sollicité. Le processus créatif correspond à l’articulation des phases exploratoire divergente et intégrative convergente (Lubart 2000).

Dans les différents modèles dérivés de Wallas, ceux d’Osborn, Runco et Daw traduisent la vérification par l’évaluation. Celui d’Howard et al. introduit la communication et l’implémentation. On peut alors parler d’accomplissement créatif, on peut inférer l’existence d’un potentiel créatif. Il sera talentueux parce que régulièrement créatif.

Il sera soumis aussi à l’injonction de l’être, de nouvelles courses à la performance créative risquent d’apparaître. Il faudrait donc apprendre en même temps la fin du processus créatif et la reconnaissance de soi par soi. Et que faire des personnes qui ne situent pas leur créativité sur le même plan que d’autres mais qui pratiquent les mêmes métiers ? Il y a le soucis de la considération de la performance qui reste un frein je pense à l’arrêt de l’élaboration. Sans entrer dans une utopie de l’égalitarisme total, contenir la souffrance au seul centre de l’individu en soi pour soi dans un but de développement me paraît être une priorité ici. Comment exiger qu’on soit un génie tous les jours ? Par contre, comment le mettre en valeur et accentuer cette dimension ?
Garder les arts et même les renforcer semble être en faveur d’un accroissement de la créativité. Mais au quotidien, n’y a t il pas d’autres freins sociaux comme des peurs qui ne permettent pas encore cette nouvelle considération ?
Ces prudences émises, la dimension « Produire » dans notre matière permet de favoriser ce potentiel de façon évidente.

2 la mesure du potentiel créatif

  • approche holistique (globale), centrée sur les microprocessus
  • approche analytique, centrée sur l’évaluation de ressources et de facteurs de créativité

2.1 processus et production

On sollicite le potentiel créatif dans un temps limité, évaluation relative. Lubart Besançon et Barbot (2011) proposent un outil d’évaluation du potentiel créatif (EPoC) : quatre tâches dans chaque domaine créatif (graphique/visuel, verbal/littéraire et social), deux engagent la pensée cdivergente-exploratoire et deux convergente-intégrative. Des tâches dans d’autres domaines sont en cours de développement (musique/sciences/mathématiques).
Cet outil est inspiré du modèle multivarié.

2.2 approche centrée sur la mesure des ressources

On mesure les facteurs cognitifs, conatifs et émotionnels. On ne mesure donc pas les performances directement mais ce qui les conditionne. Comme il y a plusieurs facteurs combinés, le profil de créativité est adapté.
10 facteurs (5cognitifs et 5 conatifs) sont proposés

  • Cognitifs :
  1. capacité à associer
  2. flexibilité mentale
  3. pensée divergente
  4. pensée analogique (utilisation de comparaison sélective par analogies ou métaphores, mettre profit les connaissances d‘un champ pour un autre)
  5. pensée convergente synthétique (synthèse d’éléments différents en un seul système, bisociation (Koestler 1964) pensée Janusienne, homéospatiale et processus sepconic (connecter deux éléments différents) (Rothenberg 1979, 2011).
  • Conatives
  1. tolérance à l’ambiguïté
  2. prise de risque/propension à penser
  3. ouverture
  4. pensée intuitive (opposée à la pensée rationnelle ou opératoire, Eptsein 1994), appuie les productions idiosyncrasiques (uniques) fondées donc sur l’expérience personnelle.
  5. motivation à la création
  6. ( ou plutôt une ressource extrinsèque) combinaison de ces ressources

Cela donnerait lieu à un nouveau spherier… C’est à réfléchir…Je me demande que donnerait un sphérier avec une gradation des macro et micro processus, en fonction du type de pensée(s) exercée avec en point focal ces domaines…

On va distinguer la tâche, de la fonction de la tâche, de la culture du créateur mais aussi le domaine de création (artistique, ingénierie etc), la culture organisationnelle (différence des milieux, culture de la créativité dans ces milieux : Google, Yahoo, etc.)
C’est un profil , il n’y a pas de score, mais une différence entre un profil créatif et un profil optimal attendu pour un type de travail donné. Technique statistique : comparaison entre profil multivarié au centre de gravité du profil moyen du groupe expert (Barbot et al 2012)

On peut ainsi cerner les profils optimaux pour une tâche et comparer des profils cibles, dans un Creative Profiler. Le candidat (étoile bleue) se situe par rapport à l’attendu optimal du groupe d’experts. On peut donc présumer de sa meilleure attribution. Des formations peuvent réduire ces mesures.

3 Vers le développement du potentiel créatif

Ce type d’outils peut favoriser la création d’exercices ou de formations adaptées pour les enfants ou les adultes. On peut donc mettre en place des actions coordonnées suivant cette stratégie globale :

  • fixer l’objectif du développement de la créativité et y consacrer des ressources humaines et matérielles
  • se doter d’outils permettant d’évaluer le potentiel créatif d’enfants, d’adolescents et d’adultes
  • inventer et utiliser des activités pédagogiques propices au développement de la créativité
  • renforcer le positionnement de l’enseignant en tant que coach du potentiel créatif chez ses élèves et développer les compétences des enseignants en tant que pédagogues de la créativité
  • configurer l’environnement scolaire en faveur de la créativité afin de soutenir la recherche et le développement d’idées originales.

C’est dans la créativité et dans ses macroprocessus et microprocessus qu’il faut intervenir ici en créant des activités propices en plus d’une politique engagée d’établissement. Les enseignants artistiques sont à même d’investir ce champ d’une façon directe, encore faut-il qu’ils y soient formés bien sur. Penser l’enseignant chercheur-ingénieur est peut-être une bonne piste ?

Le Creative Profiler (ici exemple hypothétique) permet d’identifier chez les adolescents les ressources défaillantes à développer :


Les tâches peuvent être variées : mission, thèse, management créatif etc.
Une aide par exemple au développement de la pensée divergente pourrait accroitre le potentiel de la personne sur la tâche 2, une information sur la prise de risque pourrait améliorer le potentiel sur la tâche 1.

L’EPoC permet de mettre en évidence les capacité créative des enfants et adolescents
Le Creative Profiler permet de voir les ressources à la création présentes ou manquantes.

N.B. j’ai encore ici refait tous les schémas et diagrammes au mieux de la pensée des modèles, pardon pour les erreurs éventuelles.

Laisser un commentaire