En cette période où le chant est absent, où l’écoute est difficile, où la pratique offre l’illusion d’un collectif qu’on souhaite éternellement rappelable mais qu’il magnifie des prouesses techniques individuelles, où la musique est réception d’un seul, où les questions sur l’art (et pas que) se posent dans l’enseignement et où leurs réponses sondent des « pleins », où j’ai l’impression qu’il faut nourrir de la même eau des gens qui ignorent même qu’ils sont assoiffés, en en changeant les porteurs par des redistributions de nécessités, mon parti est encore davantage de chercher l’émergence de la racine plutôt que d’initier, ce que je ferais surement maladroitement en ce moment sans salle ni matériel, à une passation d’expertise.
De ce préambule plutôt obscur, il faudra retenir non un jugement partisan qui n’aurait pas sa place ici, mais la description d’une difficulté momentanée à cerner l’enseignement de la musique en cours. Le chant : tous les élèves ne sont pas en présence, il y a les masques, et la distance. L’écoute : les portes sont ouvertes partout. La pratique : les affaires sont limitées, les mouvements aussi. Pour tout le reste, ce n’est qu’une conséquence des trois premiers incontournables des règles d’hygiène que cette période impose et des solutions économiques variables selon les territoires.
Les enquêtes et le jeu de rôle précédents en étaient des émergences, j’ai continué le procédé par cette expérience ludique, à la frontière entre le jeu de rôle et le retour sur soi, qui mêle dans une métaphore de l’écoute intérieure, ce que je pouvais faire trouver de musical ailleurs que dans le son et notre propre conception de la musique dans les activités extra-musicales. Comme pour beaucoup des travaux de ce site, le fond est la forme aussi.
C’est du français en musique, ou de la musique par le français. C’est de la musique en mouvement ou du mouvement par la musique. Idem pour d’autres domaines comme la recherche de la forme graphique, comme le déroulé des temporalités, comme la naissance et la fin d’une écoute intérieure comme par l’attention on apprécie la musique du vent. Ce travail s’inspire des neurosciences et en particulier du recueil du collectif Le Cerveau Musicien de Lechevalier, Platel, Eustache.
Il a pour but surtout de faire vivre la (et par la) musique, rêver et se recentrer, mes élèves distanciés d’un mètre cinquante à leur table unique presque toute la journée, moi qui les voyais bouger, coopérer, créer il y a à peine trois mois de cela.
Nous suivrons donc la libération de « l’expérience M806 » jusqu’à son retour dans son monde inconnu de nous. M pour musique, 806 car j’ai commencé ce travail le 08.06, il y a trois jours donc. Les élèves choisissent leur forme à chaque épreuve et entrent par les monèmes, vers les phonèmes; par le code, vers le symbole; par le geste, vers le sens. Testé que sur un groupe et partiellement (puisque je le termine ce soir), j’en ferai comme pour les autres travaux, un compte-rendu.