Pédagogie Koenig 2

Année deux : ainsi bébé parla

Une enfant de 14 mois marche d’elle-même vers la scène de la salle où son grand frère commençait à jouait un morceau de blues. A l’apparition de la musique rythmée swing, l’enfant s’est mise à danser en rythme, alors qu’elle venait juste d’apprendre à marcher. L’apparition de la coordination musculaire entraine celle du langage, et nécessite l’utilisation de l’oreille interne. Y’a t il un trio langage corps musique ? L’auteure qualifie cette association, à entrainer avec son enfant, de « valse audio-motrice-langagière ». 

Danser et chanter avec son bébé est nécessaire, c’est un accompagnement actif. Notre inhibition d’adulte peut facilement être dépassée par le lien étroit entre son et mouvement. Le rythme n’est pas qu’un entrainement d’une manipulation temporelle mais un apprentissage du mouvement du corps, de sa finitude. On amplifie la proprioception, perception de ses muscles (en complément des sensibilités tactiles/ extéroceptives/sensation par la peau et viscérales/intéroceptives/sensation dans les organes).

Importance de distinguer :

1 proprioception

2 sensibilité extéroceptive 

3 sensibilité intéroceptive

Importance de bouger quand on écoute, relation au corps bougeant.

La proprioception permet la situation de sa main par rapport à sa bouche, de ses pieds dans l’espace etc. La danse apprend cette proprioception nécessaire et ne nécessite pas d’apprentissage pour la réaliser, la musique met naturellement le corps en mouvement. L’auteure rappelle les bienfaits de la danse (coordination, synchronisation avec autrui, prise de conscience de soi et de l’autre). Brownell : les premiers comportements prosociaux émergent dès la deuxième année du nourrisson et quelquefois avant.

Malloch et Trevarthen : un enfant malvoyant dirige avec sa main comme un chef d’orchestre la mélodie chantée par sa mère ( = l’enfant décrit au début du chapitre n’a pas nécessairement vu d’autres personnes danser ainsi).

Description du rôle du cervelet et des noyaux cérébraux «  système des ganglions de la base » dans la danse qui produit pour résumer, du bien-être. L’altération de ces noyaux est l’une des cause de la maladie de Parkinson. Le système vestibulaire, une troisième zone cérébrale, est sollicitée, les recherches ont mis en évidences des liens, par l’activation de cette zone, entre la proprioception, l’équilibrant la confiance en soi et la lecture. Le mode de vie de plus en plus sédentaire altèrerait le développement de ce système.

Importance du geste, imitation de la ligne, du dessin, de la baguette (stylo imaginaire ou « magique »). Importance de le faire à plusieurs et sur plusieurs.

Système vestibulaire

C’est un ensemble de cavités interconnectées situées dans l’oreille interne, qui comprend trois canaux semi-circulaires remplis d’endolymphe, liquide se déplaçant selon nos mouvements. Deux autres organes, saccule et utricule, se spécialisent dans la détection des accélérations, de l’inclinaison et de la force gravitationnelle. Le système vestibulaire est notre tour de contrôle. On comprend qu’un hochement de tête ou un mouvement oculaire est permis grâce à ce système, d’où son importance dans le phénomène de lecture. Le mode de vie sédentaire est remis en question plus que l’écran : c’est l’immobilité qui est à combattre, devant un bureau aussi.

Il se développe à l’usage, plus on bouge plus il se perfectionne. La musique devient le canal, la permission , le relais entre le monde extérieur et intérieur.

Rappel des apriori sur les gens qui pensent ne pas « avoir » le rythme ou chantent faux / dansent mal : seulement une proportion entre 1,5 et 4% de la population serait amusicale, c’est à dire non réceptives à la musique (étude canadienne entre 2008 et 2015).

Importance de ne jamais condamner quelqu’un à mal chanter, à mal rythmer. Rester toujours très prudent et accompagnant.

La pulsation isochrone (en boucle, rythme régulier) est un universel musical. Si l’enfant n’y est pas réceptif, c’est peut-être simplement que son système vestibulaire n’est pas assez activé.

Une enfant qui s’appuyait contre les murs et contre ses camarades vit son comportement remédié par un renforcement du système vestibulaire dans l’association musique/gestes. Il est alors probable que nombre de dyslexies et de TDA soient ou diagnostiqués à tort en surface ou apaisés par le développement du système vestibulaire, la musique faisant là encore la différence.

Renforcer la musique répétitive, les loop, le mouvement, l’activité. Cela conforte le choix d’un matériel de base du prof de musique qu’est le looper (je recommande les looper Boss RC 202 ou 505 pour le confort d’usage).

Les premiers jalons du développement de l’enfant sont attendus : à six mois, la position assise. A neuf mois, la position debout avec aide. Entre huit et dix-huit mois, la marche. Après, cela varie davantage. Autour de quatre ans, l’enfant peut se tenir sur un pied quelques secondes. Au même âge un enfant devrait pouvoir reconnaitre son prénom, le lire voire l’écrire (en fonction de la motricité oculaire due au développement du système vestibulaire). Il doit apprendre à faire passer sa main en ligne médiane horizontale d’une côté à l’autre de son corps (afin de vérifier si l’écriture peut être possible). Des jeux simples favorisent cette coordination, comme jouer à se lancer une balle lestée, la marelle, ou chanter des chansons « de mouvements ». Les premiers à avoir mis en place ce type d’intervention (thérapie de rééducation vestibulaire, TRV) sont  Cooksey et  Cawthorne en 1946 pour aider les soldats victimes de traumatismes crâniens.

Accentuer les chorégraphies, les rondes et les tours sur soi mais aussi distinguer les gestes en chantant assis, puis debout en variant les gestes des mains et des pieds.

La difficulté avec les enfants est leur conscience d’abord de l’anormalité de leurs étourdissements et ensuite de la faible lucidité des thérapies et donc l’absence de répétition, le fait de ne pas terminer les exercices proposés. La musique peut contribuer à rendre plus joyeux ces moments.

Pourquoi alors attendre une thérapie et proposer la musique avec le vélo ou autre chose ?

L’auteure propose une chanson « je suis un moulin, je touche mes pieds » »je suis un moulin je touche mon nez » (avec aide) « tourne tourne tourne etc. » C’est l’une des nombreuses chansons de mouvements.

Il est intéressant à penser que la musique est en fait rarement dissociée de la danse dans le monde, et qu’il serait bon de penser une ré association entre le corps et le son dans la musique de concert, de salon, au lieu d’être assis immobile pour l’écouter.

Chanson de mouvement « Shake et stop ». On danse et on s’arrête en mettant en valeur le bras, la jambe etc.

Importance d’association entre corps et son.

Le premier mot : avant l’apparition du premier mot, la musique joue un rôle majeur dans le développement des facultés langagières. Même le babillage (vocalisation préverbale non criée) dure encore longtemps après l’émission du premier mot. L’apparition des consonnes, qui se fait après celle des voyelles, fait entrer l’enfant dans le babillage canonique. On passe du prélangage au protolangage. C’est alors l’apparition des phonèmes qui permettent le placement de la langue dans le palais.

En fonction de la culture ces phonèmes diffèrent déjà à cet âge. Celles françaises sont plus longues et rondes que les américaines par exemple. Et l’association consonne-voyelle donne lieu à une première manipulation langagière du rythme (de type généralement anapeste : court court long). Entrainements et répétitions sont de mises.

L’apparition de la structure arrive très vite, ce qui va permettre de distinguer le mot de la phrase, le rythme de la structure.

Si le sens n’apparait pas encore tout à fait partagé, le langage du bébé pour lui-même fait sens, il en a au moins pour lui. Les adultes vont pouvoir décoder l’intention de l’enfant. C’est là où l’identification des composantes musicales (hauteur, durée etc) va être indispensable au dialogue avec l’enfant : ces babillages n’ont pas tous le même rythme par exemple.

Favoriser l’introduction de tout échauffement vocal rythmique etc. Par l’anapeste. Aller rapidement vers la création sur cette base rythmique. Insister sur l’exagération des composantes sonores, des articulations du corps (bouche) lors de l’émission du son.

Patel : la chanson aide au franchissement de la barrière du bégaiement. L’hypothèse O.P.E.R.A. 2011 : 

O (overlap) : chevauchement des synapses entre musique et langage

P précision : la musique exige plus de précision que la parole au niveau du traitement neuronal

E : émotion, la musique produit du plaisir et des émotions positives fortes

R : répétition, une des caractéristiques nécessaires de l’apprentissage musical

A : attention : la musique favorise et facilite les facultés de concentration

Cette hypothèse n’est pas encore prouvée (ce qui veut dire que le nombre de testés n’est pas assez important pour cela, car ces observations sont relayées depuis plus de trente ans et donc que c’est pas une opinion hasardeuse).

Activité : jeu des phonèmes : chanter un phonème (sur « a ») en anapeste. Changer de voyelle (« i »). Exagérer l’articulation. Passer à une consonne (« p »). Le bébé va peu à peu mener la danse. Rester attentif après car il pourra initier ce jeu. Peu après, on pourra passer en fonction du bébé à des phonèmes complexes (jusqu’à des complexes : « ti ti patata boo » par exemple).

Hypothèse de Kuhl (testée en 2011) : une personne est pus importante qu’une vidéo dans l’acquisition des phonèmes (« portail social »). Il se trouve que l’hypothèse O.P.E.R.A. vient renforcer considérablement cette hypothèse.

Neuromythe « l’effet Mozart » : en résumé, quelle que soit la musique, si on la transmet avec plaisir et qu’on en ressent soi-même, l’effet Kuhl et Patel sont renforcés. Cela ne dépend aucunement de la sorte de musique passée.

Activité : légumes en approche (donner à manger à votre enfant). Chanter (sur l’air de we Will rock you) : on va on va t’manger, on va on va t’mâcher, on va on va t’avaler etc.).

En troisième année l’enfant va apprendre à créer, l’émotion commence à envahir le cerveau, elle va aider la maîtrise de soi et la concentration.

Varier ces activités en créant des situations fictives les imitant. Vaisseaux spatiaux, hélicoptères sauvant des gens, voitures ou skieurs/skateurs/surfeurs, etc. Varier les nuances des voyelles et des consonnes, s’entrainer soi-même en reprenant d’autres langues. À l’adolescence, inventer un langage, aller de l’écoute des langages du monde à des langages imaginaires déjà inventés (Star Wars en regorge par exemple, on pensera au Mandalorien et bébé Yoda mais aussi aux Ewoks etc.).

2 réactions au sujet de « Pédagogie Koenig 2 »

    1. Merci infiniment pour votre lecture et je vous présente toutes mes excuses pour cette coquille alors que j’ai dévoré votre travail pendant des heures et des heures ! Je le propage à tout l’INSPE Périgueux ! Je répare tout de suite en en profitant pour vous remercier de votre oeuvre pédagogique et en vous demandant si vous consentiriez à un entretien téléphonique informel ? Merci encore, quel honneur d’avoir été lu par vous !

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