Chant et expression vocale – Maternelle – D. Habellion

Les articles sur la pédagogie Koenig reprendront bientôt. Un autre ouvrage va se joindre à cette dimension sur la découverte de l’apprentissage de la musique pour les plus jeunes, qui me semble intéressant d’apposer en parallèle.

(Pour rappel, les photos publiées sont libres de droits ou déclarées comme telles sur internet si elle ne sont pas mes propres créations)

Dominique Habellion est agrégé de musique, docteur en sciences de l’éducation et professeur à l’INSPE de Limoges. Je trouve dans ses ouvrages beaucoup d’inspiration, qu’il en soit infiniment remercié !

Ouvrage résumé : Chant et Expression vocale (éditions Retz, collection Maternelles)

Introduction

La voix du jeune enfant

  • Vers six ans les cordes vocales mesurent moins d’un centimètre.
  • Vers sept-huit ans, elles sont capables d’élasticité propice à l’activité chantée de façon précise

L’importance de l’adaptation des contraintes est donc évidente avant ces âges, en fonction du choix des chants.

L’ambitus vocal chanté est le même entre garçons et filles, ce qui permet de ne pas différencier le répertoire de la classe. La justesse, la hauteur, va donc s’apprendre en même temps que le développement corporel, alors que la distinction de genre ne va pas forcément être évidente ces jeunes années.

ndr. L’auteur revient avant et pendant ce chapitre sur les nombreux bienfaits de la musique sur l’acquisition du langage, de la lecture et de la motricité pour n’en citer que trois. S’il est évident que cette vérité est encore très loin d’être intégrée de façon générale, j’imagine sans peine que la personne qui lira ces ligne, s’il y a lieu, est déjà au fait de cette évolution conjointe, et je choisis donc de l’éluder ici. 

Le répertoire est constitué essentiellement en maternelle de

  • Chansons enfantines traditionnelles, populaires, anciennes
  • Chansons à gestes ou mimées, destinées à l’apprentissage langagier
  • Chansons à danser, plus ou moins chorégraphiées
  • Comptines, qui peuvent se distinguer des chansons par leurs aspects fonctionnels (apprendre à « compter » / « comptine »), mais la comptine se confond aussi aujourd’hui par des apports culturels, visuels, corporels etc.
  • Chansons contemporaines, souvent pleines de créativité et de poésie

Les chanteurs pour enfant sont nombreux et très souvent de qualité. J’aime personnellement beaucoup ce que propose Aldebert, dont je fais chanter certaines chansons dans mes cours. On pourra trouver aussi les habituels Anne Sylvestre, Henri Dès, Steve Waring mais aussi Claude Lombart, Carmen Campagne, Gérald Delahaye, Pierre Chemin, Jean Naty-Boyer et de nombreux autres. Beaucoup d’artistes proposent aussi des chansons pour plus grands qui peuvent s’adapter : Ridan, Vincent Malone, ou encore Soprano, BigFlo et Oli, la Star Academy, Orelsan, Julien Doré, Stromae, Fritz et tout aussi bien en anglais : Sting, Jain, Michael Jackson, Shakira etc. J’utilise quelques gospels parfois aussi qui prennent un caractère d’improvisation tout à fait adapté (ex. Oh when the saints, Happy Days etc.). Le site Eduscol propose des centaines de chansons et il n’est pas rare que les sites particuliers d’enseignants aussi.

Pourquoi est-ce difficile d’aborder le chant dans sa classe ? 

  • Un manque de pratique personnelle
  • Une insuffisance de formation professionnelle
  • Un manque de confiance en soi (souvent la résultante d’un ou des deux précédents)
  • La difficulté de chanter devant « sa » classe

Je trouve particulièrement important ce point. Il m’est arrivé, malgré ce que j’estime être une très grande prudence et progressivité dans la mise en pratique, de constater une difficulté émotionnelle importante de la part d’un.e étudiant.e. Ce point concerne une toute petite minorité d’étudiant.e (en fait pour ainsi dire deux sur une centaine et les deux dans le même groupe). Je suis formateur depuis maintenant une vingtaine d’années, et j’ai oublié que cela était possible. Il est étonnant de constater qu’adulte, le rapport à la voix, au geste et au groupe soit une source de grande intensité émotionnelle, alors qu’on choisit une voie professionnelle où l’on se destine à exercer une fonction qui va nous mettre en permanence en gestion d’un ensemble d’élèves. C’est un point à creuser pour moi de comment apprendre à se situer face à un groupe, alors qu’on est dépassé par sa propre émotion. La douceur, la prudence de la progressivité et les explications ne suffisent pas, ces élèves ayant été en réussite dans les activités de préparation, il y’a d’autres points que je dois approfondir en étudiant le rapport de solitude face/avec le groupe. Je vais développer les initiations à la gestion de classe seul/groupe en améliorant et détaillant ces points.

Il est important alors de considérer

  • Découverte et exploration d’abord : posture, souffle, émission vocale. Appuyer la préparation avant de se jeter corps et âme dans le chant
  • La conduction de l’échauffement vocal, de manière adaptée et ludique
  • La didactique de la transmission du chant
  • L’expression vocale parlée
  • Les aspects musicaux rythmiques et mélodiques d’une chanson/comptine
  • L’insertion dans une séquence de l’activité vocale

Que ce soit pour le primaire ou le secondaire, la rencontre avec la Conseillère Pédagogique Musique m’a été d’une grande richesse en mises en applications pédagogiques des notions du programme. C’est un point à accentuer en proposition de formation continue conjointe INSPE-CPM.

Les qualités nécessaires à la conduction du chant :

  • Patience
  • Écoute de soi, des autres
  • Étalement et régularité du travail
  • Répétitions, récurrences, ritualisations
  • Apprendre en faisant, pour l’adulte comme pour l’enfant

Ces qualités nécessaires sont évidemment travaillées partout ailleurs, mais j’aime l’idée de prudences d’un point de vue pratique avant d’entrer dans le détail des activités.

Elles incitent à un travail personnel, un retour sur soi, déjà présent dans le rapport d’enseignement de façon générale, et de façon flagrante dans le rapport artistique à l’autre et avec l’autre. Se faire entendre et travailler avec les autres, dans un résultat immédiat malléable et perfectible, entraînant une gestion de l’être entier et une sublimation des rapports de force. L’E.P.S. présente par la danse ou les activités hors compétition exactement la même totalité de dimensions d’apprentissages. Je pense qu’il est important d’en être conscient avant d’aborder l’enseignement musical. Il faut aimer « faire » de la musique, la construire, improviser, la créer pour aborder l’enseignement musical, le dernier point de cette liste n’étant, de loin, pas le moindre.

Cet article introduit une proposition de série d’activités, dédiées aux maternelles (si vous le découvrez de manière isolée, vous pourrez vous rendre dans la partie plus concrète de ce site), qui seront décrites dans des articles ultérieurs.

Laisser un commentaire