Des roses stridents

Définir un terme semble être un acte double, agissant en une fusion entre signifiant et signifié. Le terme agit en tant que mot dénoté et son étymologie ou sa connotation obéissent aussi à cette dualité. Il est amusant d’observer à un niveau plus large encore, que pour définir un son on se sert aussi de cette dualité, souvent observée avec un prisme synesthésique. En somme, pour définir un terme, on en emploie un autre.

http://www.framboiseetaubepine.com/blog-life-style/je-suis-synesthete

Voilà quelques termes en musique qui obéissent à cette adjonction de dualités, leurs synonymes et la premiere fois dans l’histoire où ils apparaissent tels quels , comme un voyage vers les sens premiers dans notre langue, sans remonter trop loin :

Une hauteur (type spatial étymologie « altitude » principe mathématique XII° ) de son (auditif)
Un volume (spatial, bâton qui entour un manuscrit XIII°) sonore
Une fréquence (spatial, « assemblée » XII°)
Un son chaud, froid (kinesthésique, proprioceptif XII°)
Un son doux (kinesthésique XII°)
Un son fort (kinesthésique proprioceptif « penible » X°), faible ( kinesthésique proprioceptif « manque de vigueur » XII°)
Un son élevé : (kinesthésique action « porter plus haut » XII°)
Une durée (action XII°)
Un son strident ( XVI° : aigu )
Un son aigu (visuel « pointu » XII°)
Un son grave (visuel, volume « important » XIV°)
Rythme (visuel mesure XI° )
Rythme rapide (avec vitesse XVI°)
Vitesse ( « agilité » XII°)
Agilité ( « léger » XIII°)
Léger (proprioceptif : peu de poids XII)
Lent (kinesthésique : « mou » XII)
Harmonie (« ensemble » XII°)
Accord (pacte XII°)
Pacte ( accord serment XIII °)
Serment (affirmation IX°)
Mélodie ( « chant » XII°)
Chant (mouvement « émission de sons » XII°)
Timbre ( sorte de tambour XII°)
Tambour ( instrument qu’on tape XII°)
Nuance ( « degrés de couleurs » XIV°)

Une mindmap pour en couleur voir ce qui se rapporte aux sens qui observent les phénomènes ( je précise au besoin que cela n’est qu’un essai très imparfait, il n’y a aucune valeur objective, au contraire, aidez-moi de vos remarques si jamais vous en sentez le besoin et si vous lisez cet article ).

Bleu : directement sonore

Vert clair : directement visuel / Vert foncé : observable visuellement

Rouge : action due à un ressenti / Marron : proprioceptif, ressenti / Orange : kinesthésique

Cela pourrait donner lieu à des idées de re-création de termes avec les élèves, où on pourrait redéfinir en comprenant les étymologies, les termes musicaux; cela pourrait ainsi donner une vision d’ensemble de ce qu’est un terme musical et ce qu’il représente aujourd’hui, en conscience qu’il n’a donc pas toujours représenté la même chose.
Il suffit de penser aux indications de jeu de la période baroque française du XVIII° pour en retrouver des analogies évidentes ( chez Philidor ou Rameau on a des indications de type « magique » « tempetueusement » etc)
Dans les champs lexicaux qui manquent parfois à nos élèves ou à nous-mêmes, cette direction de travail peut venir renforcer ou créer de nouvelles façons de jouer bien plus appropriées.
Avec les figures de rhétoriques en français et un travail autour de la poésie, on peut aussi s’amuser à décrire des musiques de mondes étranges, créer des émotions nouvelles par leurs descriptions inédites en les associants à des phénomènes sonores.

On pourrait envisager des rythmes graves, des mélodies timbrées (la klangfarbenmelodie peut prendre un sens très direct par exemple), des lenteurs hautes, des harmonies agiles (et ainsi accéder aux musiques de la Renaissance de Janequin Palestrina ou Dowland très directement aussi).
Pourquoi pas revisiter des mélodies sombres, des harmonies bleues, des mélodies lumineuses ou des harmonies rouges ( et déjà les connotations sont si nombreuses et évidentes que je n’ai pas besoin de les marquer), des timbres assermentés, des tambours rugueux, des lenteurs monotones, des chants azurés, des chaleurs soyeuses, des nuances épaisses ou des roses stridents.

J’avais fait une activité synesthesique décrite au tout début de ce site où l’élève devait dessiner sur un poème symphonique et je travaille en ce moment sur le corps et le sonore, ce procédé peut s’étendre à toute une palette d’activités en ce sens.

La liste est évidemment non exhaustive et de nombreuses autres activités peuvent en découler.

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