Les ilots étranges

Tout d’abord je tiens à saluer ma collègue de français Valérie Pergola sans qui rien n’aurait pu émerger, nous avons passé la journée à mettre au point ces systèmes.
Valérie a éprouvé la nécessité de mettre les élèves toujours en action. En effet, le jour de notre co-animation, nous nous sommes retrouvés dans un moment de création où les élèves étaient en panne lors des phases de créativité, où tout le groupe n’était pas investi.
Alors vint l’idée d’organiser non pas une nouvelle répartition de rôles mais un nouveau rituel, qui nous semble t il, peut s’appliquer en combinaison avec les hashtags émotionnels et avec les ilots ludifiés/permutés.

Les îlots ludifiés avaient pour but d’organiser la coopération au sein d’une classe relativement à un travail, ce qui favorisait la répétition de l’information, sa manipulation par les pairs et l’engagement. Les ilots permutés avaient pour but de s’adapter à l’investissement de l’élève et de proposer une aide méthodologique à la coopération. Les ilots étranges ont pour but de proposer une stimulation constante et une conscience de la diversité des compétences d’un individu.

Plusieurs types d’îlots vont être testés au cours des deux prochains mois. Mais ils présentent tous un point commun, ils sont mobiles. À l’image des Quarks (ces particules quantiques) et particulièrement de l’un d’entre eux, j’ai opté pour l’appellation « ilots étranges ».

Le système est simple : dès qu’un élève effectue une action, il est immédiatement créateur d’un système coopératif momentané, spatialement organisé autour de lui.
Prenons l’exemple d’un ilot qui doit produire un texte en fonction de contraintes explicitées au préalable, comme le réalisme dans le roman policier.

  • Type étrange 1 :
    Tour d’idées de 1mn : chacun donne une idée, on prend le premier à l’avoir donné
    les élèves prennent leurs documents ressources
    Autour de l’élève créateur, s’opère un système :
    Les trois ou quatre élèves autour de lui valident ou invalident l’idée, en fonction des attendus et de leurs gouts, mélangeant compétences de cours et capacités conitives.
    On recommence à chaque élève.
    On prend les idées validées et on vote à l’intérieur de l’îlot , en gardant celles qui se combinent.

On donne 10 mn, le scribe/chercheur écrit l’idée, il lisent ce qu’ils ont fait
Retour au groupe classe où l’on valide si l’écrit est possible
On recommence 3 fois en gardant un temps de fin pour les ambassadeurs/reporter sur 55mn

  1. Variante 1
    Tour d’idées : ceux qui ont une idée en donnent une, ceux qui n’en donnent pas tout de suite donnent des arguments critiques, pour ou contre, tout le monde valide à la fin
  2. Variante 2

1 élève dit une idée, son voisin de droite évoque immédiatement ce à quoi cela lui fait penser. Son voisin de gauche reprend la même idée avec ses propres mots et entame le même procédé avec le ou les derniers membres.

  • Type étrange 2 :
    1 donne une idée
    Les deux à sa droite et sa gauche ( voisins) disent avantages et défauts de l’idée en argumentant.
    Le dernier valide ou non et rappelle toute l’histoire
  1. Variante 1
    1 donne une idée
    Les deux à côté développent l’idée avec les connotations qu’elle implique
    Le dernier valide et rappelle toute l’histoire
  2. Variante 2
    1 donne une idée.
    Il défend son idée avec son voisin de droite en argumentant. L’autre dit immédiatement à quoi ça lui fait penser, l’autre groupe de 2 fait pareil
    Les deux autres inversent les rôles.
    Tous à tour de rôle ils racontent ce qu’ils en ont pensé et on fait un tour un de vote afin de choisir l’idée développée.
  3. Variante 3
    1 donne une idée, dans le sens des aiguilles d’une montre, on développe l’idée
    CQQCOQP
    Qu’est ce qu’il fait dans le lieu de départ (Pourquoi)
    Qu’est ce qu’il lui arrive après (Quand)
    Où est ce que ça lui arrive (Où)
    Qu’est ce qui choque les gens, une idée disruptive (Comment) etc.

Toutes les idées non choisies se retrouvent sur un site ou dossier collaboratif (padlet, dropbox, doc etc) qui servira de réservoir à disposition, amenant l’utilisation d’outils tels que le sphérier le propose.
On peut se servir dans ce cas précis par exemple aussi de générateurs de phrases automatiques pour le plus petit cercle, celui de dépendance quasi totale, attendu que la dépendance permise mais caractérisée par le plus petit niveau d’attendu soit abandonnée consciemment au profit d’abord de l’inspiration puis de la création autonome.

Il est très facile de transposer les ilots étranges dans des activités plus musicales directement. Prenons la création de chanson :

 

1 élève crée une phrase. Immédiatement
son voisin de droite devient en beatbox la batterie
son voisin de gauche devient la basse ( ainsi l’apprentissage du chant s’axe davantage de façon harmonique que mélodique, ce qui peut varier l’approche d’un chant de façon radicale )
un autre utilise un séquenceur pour aider ses camarades à l’aide d’un outil numérique
un autre propose immédiatement une autre phrase inspirée de la première, ou une autre mélodie de la première phrase (une polyphonie peut se créer aussi par ce biais) , ou valide en argumentant
puis les élèves non engagés dans la rythmique chantent ensemble la création depuis le début.

Le système touche chaque élève qui crée une phrase. Dans cette optique, très rapidement chacun joue tous les rôles de coopération.
L’approche systémique prend le parti ici de la complexité effective des macro processus (Lubart). Dès lors qu’est engagé un processus complexe, son observation ne dépend pas de la somme des composantes de ce processus mais du système lui-même. Je reprends la métaphore de la différence entre un objet simple et complexe : si un Boeing est un objet simple parce que ses composants peuvent être démontés un à un, alors la mayonnaise est un objet complexe parce que la somme de ses composantes a engendré un nouvel état dont les interactions de ses composants sont indissociables. Si l’approche systémique des ilots, en parallèle de cet exemple, fait que le projet pédagogique dans lequel ils s’insèrent soit complexe, alors légitimement je peux me baser sur cette complexité afin de faire naître de nouvelles interactions, comme élaborer une recette systémique.
Ces systèmes vont être testés en mélangeant deux complexités : les ilots ludifiés/permutés et les hashtags émotionnels.

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