Toujours dans un point de vue de narration artistique du monde et plus précisément ici de la ville, une activité se dessine progressivement entre français et musique puisqu’entre ce thème commun et la nécessité de rassemblement dans le partage de cette narration, raconter et prendre conscience de cette communion-communauté semble utile sinon nécessaire, dans un temps où on peut écouter et voyager chez soi, où l’image, la vidéo peuvent tromper les sens dans la perception des temporalités et des distances.
Il m’est arrivé par exemple, et d’y prendre plaisir, d’assister à des concerts télévisés, à me nourrir d’une performance détachée d’une multiplicité des sens. Pourtant, assister à un concert, aller à l’opéra, dans une salle dédiée aux musiques électriques ou électroniques est un plaisir entier sans commune mesure, un acte engagé dans une expérience de vie, un choix sans alternative immédiate. Cette capture permet l’immersion, elle constitue me semble-t-il une construction d’un soi entier. De même, le voyage vers ces lieux constitue en lui-même un engagement, avant même l’immersion dans l’œuvre. Vivre le lieu, c’est vivre le désir de partage à un moment où ce partage existe ou n’existe pas.
Alors comment relier l’impossibilité de se déplacer jusqu’à la Scala de Milan avec la compréhension du voyage ? Il m’apparaît qu’une recherche symbolique est nécessaire dans ce paradoxe. Jusqu’au temps où ce sera le lieu qui viendra à chacun à la place de l’inverse actuel, la technologie pourrait , symboliquement et dans une démarche, faire naître ce désir en classe. Et la mobilité de cette technologie pourrait, toujours dans une recherche d’absence de cette technologie, d’usage actif, inciter à concrétiser ce même désir.
C’est, je crois, l’un des buts de l’application à la mode l’an dernier « Pokémon Go ». Mais ce qui empêche le développement de cette application est précisément la raison de son succès : le fait qu’un Pokémon ( pardon pour la peine engendrée par cette remarque d’une intelligence très élevée…) eh ben … ça n’existe pas.
Les opéras oui, les concerts oui, la ville, oui. Il est donc possible d’opérer le transfert inverse en partant du virtuel pour retourner au réel. Ainsi, un travail consistant en la recherche sur streetview de lieux de concerts , puis de recherche de ce qu’il y a autour (le voyage à l’envers) et enfin de trajets, tout cela comme dans des poupées gigognes chaque fois symbolisées en mots et en phrases, me semble être générateur d’un décryptage pertinent de l’image.
Les élèves devraient reconstituer des phrases par une anamorphose numérique dans l’esprit de Varini, entre des découpages d’images, que l’on peut mélanger à des images concrètes aussi ou lisibles dans certains lieux .
Puis enregistrer, ici grâce à une application touristique qui permet d’associer un lieu à un son, le son de l’endroit où l’anamorphose s’opère, lieu faisant partie de la ville forcément.
Il apparaît qu’une sortie de classe semble nécessaire pour réaliser ce travail, il faudrait alors imaginer le son du lieu de l’anamorphose, ce qui permettrait de rencontrer des oeuvres comme City Life de Reich par exemple qui vient immédiatement à l’esprit.
Le système des ilots ludifiés ou permutés semble adapté à ce travail de créativité, avec la dimension ludique de faire trouver à chaque ilot un lieu d’un autre dans un second temps. L’application permet de voir et d’ecouter les lieux et les sons de ses contacts, ce qui permet immédiatement le partage des expériences.
Je publierai la ludification je pense, même si elle est assez secondaire car l’activité en elle-même présente un intérêt en soi. Réaliser son itinéraire sonore me semble constituer un but en-soi.