Qu’est ce qui déclenche une mise en action ? Qu’est ce qui incite à rentrer dans un processus de création ? Les réponses peuvent varier de la croyance ( « c’est comme ça , une force extérieure m’a possédée » ), à la scolastique ( « j’ai imité mes ancêtres, j’ai possédé une technique ») en passant par la psychanalyse ( « parce que j’en ai besoin » ).
Si nous admettons la théorie de la pyramide de Maslow par exemple, que @DamienRennes a particulièrement bien abordé dans ses questionnements sur l’adolescence et la musique, alors nous devons replonger dans ce qui met en place le processus créatif d’un point de vue psychologique.
La mise en déséquilibre d’une sécurité intérieure dans un cadre sécurisé conduit nécessairement au dépassement de soi et donc à la créativité. Par un processus de déstabilisation, on recherche à faire émerger une inquiétante étrangeté qui appelle une réponse guidée par le thème consacré, en ce qui nous concerne la musique.
Si cette pratique peut être particulièrement facilitée par l’aspect spatial des arts plastiques, la dimension sonore implique une mise à disposition de l’espace plus contraignante. Il n’y a pas 1 studio par élève en classe. Un matériel d’enregistrement sera nécessaire à toute création comme témoignage car tous ne possèdent pas non plus de capacité d’écriture musicale.
L’entrée étrange :
Un geste, un mouvement, un son, une disruption de timbre, de volume, de durée, de hauteur, spatiale, temporelle, une suite d’actions sonores peuvent concourir à engendrer la création d’une déstabilisation et donc d’une problématique ou d’un projet.
Ayant déjà testé les entrées étranges avec des élèves, les concepts sont riches et prometteurs. J’ai au début de ma carrière déjà testé le « que voulez-vous apprendre aujourd’hui ? », qui prenait une saveur toute particulière fort appréciable mais j’en ai vu les limites par rapport au manque de contenu méthodologique. De plus penser le cours en spiralaire avec autant de différenciations rend vite le travail totalement herculéen. Il faut un système contenant afin de permettre cette différenciation.
La classe étrange :
L’acte déclenche une suite d’action.
Le temps total est prévu sur 3 séances.
Le but étant de déclencher chez l’élève une démarche artistique et qu’il s’oublie dans le temps à terme, l’élève pouvant revenir à chaque étape s’il le souhaite, en transformant son idée, une fois que l’étape à retravailler est identifiée. Cette approche prend le parti très clair qu’une oeuvre ou qu’une problématique peut venir non pas forcément en amont mais pendant la réalisation. Créer devient central, la mise à conscience peut advenir plus tard. Mais pour moduler, il faut savoir quoi moduler, c’est ainsi que l’apparence d’une liste ordonnée peut tromper l’intention de la mise en place. Ici le terme étrange signifie modulaire.
Chaque fois les élèves peuvent partir ou repartir d’un point du timer (app Timer) afin de moduler leur travaux, comme les deux flèches de la capture écran l’indiquent. Nous avons là un temps cyclique dans lequel nous nous baladons comme dans un espace, en reprenant là où nous le souhaitons.
Ils peuvent faire appel aux gifs pédagogiques en ressources bien sur en plus de leurs idées créatives et des traditionnels systèmes d’ilots ludifiés, permutés ou étranges.
La classe étrange l’est par la nature protéiforme de l’organisation.
Un ou plusieurs élèves créateurs créent leur groupe d’action. En voilà les rôles possiblement convertibles :
Chaque organisation peut revêtir des caractéristiques étranges :
lien vers les formes des ilots étranges
Ce type d’organisation peut répondre à deux désirs :
- la coopération totale dans une classe d’éducation musicale en format traditionnel
- la mise en place d’une créativité musicale en autonomie très grande
Il est peut-être à penser un jour un système où l’enseignant est à disposition de l’élève sans cadre temporel, juste par sa présence sur place. Le système actuel n’étant pas dans ces modalités, il sera impossible pour l’instant de l’éprouver, bien que des solutions de mixité avec les heures de permanences peuvent s’y prêter un peu.
Ce système peut être facilement adjoint
des gifs pédagogiques,
des hashtag émotionnels,
et du Sphérier.
EDIT : je ne suis qu’en phase d’expérimentation encore mais j’adore les énoncés étranges. C’est un succès important. les élèves font preuve d’une grande imagination et créativité. Les configurations sont variées et riches. J’ai tellement envie d’avoir plusieurs heures avec eux du coup à la suite après cette pratique… L’heure hebdomadaire me parait bien mince.
5645324C-D976-481A-A6C2-F3F6A4A4F1A0 EB66FBD6-AF1B-4108-971A-5F5DCD8523BD
Encore des idées merveilleuses, Rémi, mais tu parles
du XXII ème siècle !!!
Véro, merci beaucoup ! Ça me touche beaucoup surtout venant d’une prof aussi avancée que toi ! C’est tout à fait applicable en classe et assez facile après avoir fait les autres ilots, dès maintenant.