Cette fois c’est une série d’activités ludifées en plan de travail semi-dirigé, avec le principe habituel des «missions» , mais créé sous l’angle de ce que les neurosciences peuvent apporter au cours. Ces missions peuvent donc s’effectuer dans un ordre aléatoire, il y en a trois avec une en bonus.
Elles sont prévues pour durer environ deux ou trois séances, avec activités de réactivation (ou d’installation) chaque fois.
Le niveau choisi est fin de cycle 3- début cycle 4.
Les compétences attendues engagent la création, connectent la composante sonore du contour en axe principal et engagent les pratiques et perception du : rythme, tempo, mesure, binaire, prosodie.
En contexte de simulation (ludification), on doit sauver un personnage de Star Wars, dans la série Mandalorien, la créature qui ressemble à Yoda bébé. L’aspect bébé est ici fondamental puisqu’il réveille en nous l’archaïsme d’une communication à un nourrisson induisant cette notion de contour musical. Si le lecteur trouve l’article pertinent, à lui de remplacer bébé yoda par un autre avatar de même catégorie : un pokemon, un chiot ou un chaton, un mogwaï, un minion etc.
Le générique de la série ne viendra renforcer le décor que pour une part mineure. Il est proposé en remix pour éviter l’ancrage directement, de façon non obligatoire, afin de servir de support de création.
Les documents proposés contiennent des musiques sans trop de connotations. Elyseum de Lisa Gerrard, comme beaucoup de ses morceaux , est chanté en glossolalie, c’est à dire que ses paroles sont volontairement incompréhensibles puisqu’elles appartiennent à une langue inventée par la chanteuse, d’après des phonèmes de plusieurs autres langues. Ce caractère a pour ambition de favoriser l’immersion dans la composante du contour. Il ne s’agit pas de reconnaître des mots en tendant l’oreille et de se laisser tromper avec un espoir vain, il s’agit par un procédé complètement acoustique d’entrer dans une autre forme de compréhension entièrement musicale de ce que la parole peut apporter à la musique ( et du coup du caractère totalement musical de la voix).
Le travail de création va, lui par contre, favoriser l’ancrage recherché, la forme du cours en « mission » favoriserait ainsi la non hiérarchisation de l’approche des composantes. Les polyphonie et polyrythmie abordées de façon détaillées, progressives puis libres, toujours dans un aspect synesthésique, ont pour but d’activer le plus de zones cérébrales possibles en balançant entre refus et acceptation de l’objet perçu (en particulier dans l’activité de la grenouille). Enfin, la zone du langage est ici très sollicité dans sa matière primaire sonore. Mais tout ça est dans le premier article sur l’instinct musical vu par les neurosciences.
Les activités préparatoires :
Perception du tempo par la partie du corps que souhaite l’élève (tête, tactus main, pied, corps, épaules etc). Cette activité est relativement longue et très importante (favorise l’ancrage et la relation plaisir-confort-sécurité).
Des jeux de rythmes sur des boucles très progressifs : d’abord on bat main/haut du torse le retour de la boucle ou des 4 temps d’une boucle binaire (simple à mettre en place, les cours suivants on dédouble le tempo, on s’essaye au ternaire, au 5/4 etc). Puis on engage une percussion corporelle simple torse/snap/clap/snap que l’on peut varier.
A chaque activité on change de boucle, on varie le tempo, on fait choisir à l’élève le tempo etc. On reste dans nos pratiques habituelles ici.
On pratique un échauffement de la voix sur ces boucles, on initie au contour par une solmisation souple type soundpainting, on est vite remplacé par l’élève.
La particularité vient ici :
On invente une phrase qui parle de nourriture avec/par les élèves, on en accentue un élément : Cette nuit j’ai CROQUÉ des PÂTES sur quatre croches croche deux doubles noire par exemple.
Puis une autre phrase qui mettent absolument les mots en majuscules de la première bien en évidence : CHOCOLAT … j’aime le. Sur deux doubles croche liée à blanche , deux croches.
Puis une autre, par exemple : ça suffit c’est simplement si salé c’est les SALSIFIS , sur quatre doubles répétées trois fois et deux doubles / croche.
La consigne étant que le mot en majuscule se détache par volume et/ou par le silence des autres voix lors de son émission sonore.
Le but étant une perception d’un temps linéaire et d’une méta phrase en anamorphose, dans cet exemple CHOCOLAT CROQUÉ PÂTES SALSIFI. On a une initiation à la simultanéité progressive et à la perception d’un temps linéaire, c’est en somme, l’ambition de cette activité. Pour simplifier, l’activité consiste à ce que l’élève puisse prendre en main dès le cours et par lui même la polyphonie en tant que conscience et phénomène créatif, et non simplement l’imiter.
Ces phrases sont aussi chantées les unes après les autres par des groupes différents en en variant le contour dans une activité type sound painting.
Le temps total de toutes ces activités est de 20-25 minutes. Tout va très vite, il s’agira de les répéter la fois d’après en en augmentant la difficulté légèrement. La seule activité sur laquelle je pense qu’il est nécessaire de s’apesentir chaque fois un peu davantage, est la perception du tempo par le corps.
Cours
A ce stade on lance l’activité principale pendant 20mn chaque séance, dont voilà les quatre missions (trois plus une en bonus) :
Quand vous êtes en mission et que vous n’êtes pas là : les élèves enregistrent, et du coup, répètent beaucoup, trois ordres minimum de sécurité pour le bébé, ils vont donc faire appel au contour. Il serait très intéressant de faire appel à la réalité virtuelle pour une évaluation en théatralisation, l’un des élèves jouant bébé yoda et la tablette passant sur une zone virtuelle de danger déclenchant la création des élèves.
Cette activité a pour but de mettre à conscience et en pratique la composante de manière autonome.
Le sampler, looper, buzzer/enregistreur ou launchpad en contrôleur, peuvent donner quelques teintes différentes à ce travail. Personnellement j’autorise tout. Les Makey Makey ou les pads des grenouilles d’Olivier Carrillo (Red Frog Bros) me semblent très pertinents pour ce travail aussi. On a l’occasion de recréer un cockpit de vaisseau spatial, voire le vaisseau tout entier, pourquoi s’en priver…
Bon appétit ! C’est mieux que les grenouilles cyclopes : très semblable au resto des punchlines avec cet aspect d’aller et retour entre dégoût et plaisir. C’est là que la polyphonie va entrer en germe en conscience et pratique. L’îlot va enregistrer et/ou interpréter en live sa création, un élève par phrase inventée, un élève qui pratique un rythme/tempo en percu corporelle, sur une musique d’accompagnement, pourquoi pas celle proposée, qui est un remix du générique de la série dont s’inspire le décor. La coordination, l’écoute et la structure sont recherchées en plus de la création.
Les Phonotonic s’accordent très bien avec ce type de travail.
Papaouté : bébé yoda raconte : on mêle du sémantique à la musique, ou on lui crée des connotations, bref la musique devient vectrice d’un sens par elle-même en temps réel. Il serait intéressant de se servir du timbre (air) si cette activité devait se prolonger dans le temps. C’est l’occasion aussi de créer sa propre langue pour un élève. Ce dernier point sera favorisé dans la mission bonus. Le groupe s’enregistre sur chaque image, il peut ralentir le film avec iMovie, le couper, l’accélérer, la forme de l’activité étant une classique illustration sonore d’images vidéo.
On recherchera évidemment encore là la création avec la composante de contour. Cette activité est très liée à l’initiation de la construction d’un phonème, il serait intéressant de la travailler en relation avec des collègues de langues/lettres en particulier.
Slam en langue alien : il s’agit explicitement d’inventer une langue et de manipuler rythme, mesures, tempo, mixage, enregistrement et prosodie. Aucune autre indication donnée est la condition qui va permettre d’utiliser tous les matériaux disponibles : enregistrements des élèves, pastiches, vidéos, applications musicales diverses etc. Tout est autorisé du moment qu’on ne comprend pas ce qui est dit. L’app Acapella me semble être toute indiquée particulièrement.
Les ilots ludifiés ou permutés sont les systèmes organisationnels les plus évidents pour moi dans cette séquence, mais j’imagine très bien qu’on puisse la faire sans ça. De même que le matériel informatique, qui n’est pas non plus indispensable. Je suis enfin partisan de voir la capsule en cours dans le dispositif classe inversée, et donc, en plus de moi qui transmet, le support vidéo offre une petite variation pour se con.re.centrer et/ou se re.poser.
Cours élève ici : https://padlet.com/Imer/Mandalorian
J’adore ! Merci Rémi pour ces idées ! Quelles lectures conseillerais-tu pour commencer à s’instruire sur les neurosciences?
Merci Edwige ! Je recommande Daniel Levitin De la note au cerveau, Isabelle Peretz Apprendre la musique , Olivier Sacks Musicophilia pour une première approche. Pour creuser un peu plus, le cerveau musicien ( collectif) et Musique, langage, emotion : approche neuro-cognitive ( collectif )
Bonjour !
Je suis en train de réfléchir à mes prochaines séquences. J’adore cette idée, sauver bébé Yoda !
Dans quelle mesure cela ne te dérange t-il pas que je m’inspire de tes idées ? Lorsque je « pique » des idées à des collègues qui ont la gentillesse de partager leur travail, j’ai pour habitude de citer leur nom et site web, en fin de document distribué aux élèves. Est-ce que cela te conviendrait-il ainsi ?
Merci en tout cas pour ces nombreux partages et idées. Bravo !
Audrey
Merci Audrey pour ton intérêt : tout est déposé ici sous creative commons avec citation : c’est à dire que c’est fait exprès pour partager mais que tu dois me citer si tu reprends les systèmes, les séquences, les outils etc. J’ai cette démarche pour plusieurs raisons : la première est que je pense qu’un prof est un ingénieur pédagogique, donc il se doit en permanence de construire d’après des outils son propre chantier avec et pour ses élèves, et qu’un outil ne se détache de son inventeur que par une appropriation perso. Le cours de quelqu’un ne fonctionne pas forcément avec quelqu’un d’autre, ou en tout cas ça sert pas à grand chose. La citation donc te protège dans un premier temps.
Ensuite, quand celle ou celui qui prend l’idée l’adapte, il la fait sienne (à condition de vraiment se l’approprier, pas de la calquer, mais les nuances viennent au fur et à mesure dans sa propre démarche, au début on reprend tel quel je crois) et du coup, on invente son propre système et il n’y a plus de citation nécessaire.
Enfin, il y a des appartenances : on se regroupe sous des communautés qui partagent les mêmes valeurs, on parle le même langage, on a la même démarche et les différences de chacun nous enrichissent toutes et tous. Évidemment tout cela ne marche pas sans bienveillance, bienfaisance même parce qu’on peut même être en opposition avec quelqu’un et pourtant faire les choses de façon positive pour cette personne. Donc la citation fait qu’on se situe par rapport à la personne citée, qui elle aussi présente des connotations éthiques, interpersonnelles etc. Bref, si t’aimes réfléchir et échanger des idées, construire de façon positive, bienvenue !