Apprendre à échouer 2 – Astolfi et Jumanji

Les obstacles selon Jean-Pierre Astolfi (Les mots clés de la didactique des sciences) sont de quatre natures :

  • Épistémologiques : le concept de vérité est un obstacle. Le dogmatisme donc en est un lui aussi. La notion de paradigme vient mettre de fait en péril, ce type d’obstacle.
  • Didactiques : la répétition d’une tâche entraine des contradictions entre un nouveau contexte et un ancien. La même tâche qui réussissait va échouer alors dès lors qu’on change le contexte. D’où la difficulté du « par coeur » comme validation systématique d’un repère d’apprentissage.
  • Pédagogiques : la vision de l’enseignant à propos de l’élève fait obstacle. Rien que deux enseignants n’ont pas la même vision de ce qu’il faudrait de mieux pour qu’un même élève puisse apprendre.
  • Ontogéniques : l’élève lui-même a un développement neuropsychologique particulier, propre à lui-même. Ce qui marche pour l’un ne marche pas forcément pour l’autre.

L’erreur est pourtant présente partout : dans le jeu vidéo si présent par exemple, elle participe de l’intérêt autotélique du jeu. Dans la vie quotidienne si on décadre le constat radicalement, elle constitue des valeurs sociales, qu’elle s’appelle pari, défi, prise de risque, qu’elle incite à oser se dépasser soi-même, d’un simple pied hors du lit à l’entretien d’embauche, de ranger une pièce à aller sauver des personnes d’une situation périlleuse.

Seymour Papert (Jaillissement de l’esprit): la recherche de la faute et la réduction de l’information à une action possible permettent l’apprentissage. L’obstacle doit être franchissable. On retrouve Vygotski mais avec cette notion que l’obstacle est constitutif de l’apprentissage, la frontière dans la ZPD (zone proximate de développement) étant nécessaire, la transgression de cette frontière souhaitée. La ZPD devient organique. On voit avec un peu de recherche historique d’ailleurs, combien elle a pu être flétrie par le passé. Oui les élèves maitrisaient leurs savoirs au brevet des collèges il y a plusieurs dizaines d’années. Oui aussi, ils arrivaient flétris et perdus au service militaire. Que s’était-il passé entre les deux ? La pédagogie n’était pas pensée autrement que par une imitation au forceps d’un modèle à imiter et toute pensée complexe et conceptuelle était absente de la société pour légitimer le constructivisme. Aujourd’hui nous sommes dans une autre situation : la pensée complexe et conceptuelle est partout, tout le temps. Si l’école ne s’occupe pas de faire croitre la ZPD, d’autres systémiques s’en chargent (GAFA mais pas que). Cet espace d’apprentissage organique est donc cultivé en permanence mais les tuteurs y affluent. À quelle branche alors s’accrocher me parait être la question actuelle de l’élève, qu’il puisse trouver réponse à domicile, ou pas.

Il est donc maintenant important de s’attaquer à comment un élève échoue en éducation musicale et d’en répertorier les erreurs. Il faut donc créer un dictionnaire des erreurs.

Note (encore plus) à moi-même : j’avais créé il y a quelques années un « atlas des ténèbres », je crois maintenant qu’il faut une encyclopédie des erreurs, un pandémonium, un voyage dantesque. Cela pose la question de l’algorithme comme aide à l’apprentissage. Il ne s’agit plus de permettre la réussite par l’action précise et maîtrisée, mais le changement de stratégie d’apprentissage instantané. Les tutos YouTube par exemple (ou autres) proposent déjà une réponse, ce qui reste effrayant tant les connotations du support sont aussi déterminantes (voir la notion du « méta contexte » de l’article précédent).

Cela renforce mon idée que l’individu concerné est le mieux à même de connaitre sa voie de réussite. Il faut donc encore et toujours augmenter la batterie d’outils qui permettent le franchissement de l’obstacle. Augmenter les outils du sphérier est une solution. Mais je m’y suis pris dans l’autre sens : j’ai voulu explorer les différentes façons d’apprendre qu’un individu pouvait parcourir en fonction d’une dissection de son appréhension du monde. Il faut que je fasse le même chemin mais à l’envers cette fois : les différentes façons d’échouer entrainent alors les différentes résolutions. 

Quelles sont alors les différentes erreurs relevées par Jean-Pierre Astolfi (Didactique des sciences) : 

  1. Erreurs relevant de la compréhension des consignes de travail ; Décodage de l’implicite, lexique – vocabulaire spécifique- mots d’usage courant utilisés dans des sens particuliers (expression algébrique, expression d’un gène, expression familière) ;

Énoncé obscur / morceau de musique / son

2. Erreurs relevant d’habitudes scolaires ou d’un mauvais décodage des attentes ; Pour certains élèves, centrés sur les exigences du contrat pédagogique installé par le maître, être bon élève consiste à « être sage, bien écouter, rendre un travail propre…. » . Ils n’ont pas compris que pour apprendre, il fallait produire une activité mentale.

Consigne par énigme, à moitié écrite, à retranscrire, à inventer par rapport à un résultat (y’a des violons dessiné et on entend des contrebasses), jeopardy, faire 10 fois une erreur.

3. Erreurs relevant des conceptions alternatives des élèves ; Exemple du « sommet » en géométrie …. Souvent le mot « sommet » est perçu comme la partie haute d’une montagne ; il a alors beaucoup de mal à concevoir qu’il y a trois sommets dans un triangle posé sur sa base.

Donner des synonymes, toutes les connotations possibles d’un terme, d’une émotion, d’une musique. Redéfinir

4. Erreurs liées aux opérations intellectuelles impliquées ;

Résultat, cheminement, plusieurs solutions ( donner plusieurs solutions possibles pour un même problème, même des folles.

5. Erreurs portant sur les démarches adoptées ; Démarches très diversifiées des élèves, autres que la démarche canonique du prof.

Trouver des enchainements de situations diverses. Plan de travail libre.

6. Erreurs due à une surcharge cognitive surcharge de la mémoire de travail par ex.

Inventer le morceau le plus court du monde, la question la plus facile etc.

7. Erreurs ayant leur origine dans une autre discipline (transfert non acquis) ; Les enfants perçoivent, dans une situation, davantage les traits de surface que les traits de structure… Connaissances ou savoirs non réinvestis (pas de changement de cadre de la compétence acquise dans un contexte autre)

Relier les autres matières au savoir 

8. Erreurs causées par la difficulté propre du contenu

Inventer les questions les plus difficiles du monde, le morceau le plus impossible à jouer, l’exercice le plus dur.

IDEES EN VRAC :

Énoncé obscur / morceau de musique / son

Consigne par énigme, à moitié écrite, à retranscrire, à inventer par rapport à un résultat (y’a des violons dessiné et on entend des contrebasses), jeopardy, faire 10 fois une erreur.

Donner des synonymes, toutes les connotations possibles d’un terme, d’une émotion, d’une musique. Redéfinir

Résultat, cheminement, plusieurs solutions ( donner plusieurs solutions possibles pour un même problème, même des folles.

Trouver des enchainements de situations diverses. Plan de travail libre.

Inventer le morceau le plus court du monde, la question la plus facile etc.

Relier les autres matières au savoir 

Inventer les questions les plus difficiles du monde, le morceau le plus impossible à jouer, l’exercice le plus dur.

Monde perdu, jungle, monde propre à l’exploration , à l’erreur, qui se manifeste de façon autonome, où l’intérêt est autotélique : JUMANJI

bug pilote

(Faites une erreur dans l’énoncé) 

surtout ne respectez pas l’énoncé (vieux sage sur les tambours de Jumanji qu’on entend)

On trouve une consigne incompréhensible avec un cercle et des points ou des spirales. Faire un rythme d’après ça. Chercher écriture Maya Inca ou pictogrammes africains et s’en inspirer.

Pictoparle

On entend un son (les tambours) : trouver la question ?

Faire 10 fois une erreur en les reproduisant.

Rencontrer quelqu’un qui ne parle pas une langue. 

Jouer sur les qualités et défauts des personnages. 

Je choisis donc de créer une séquence pour le niveau 4°, lieu de tous les changements. Cette séquence va évoluer petit à petit.

 

Fait avec Padlet

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