Dérobée à l’opéra – L’animal intérieur

Pour la deuxième fois je tente le jeu de rôle intégral en cours à travers une activité créée l’an dernier et quelque peu modifiée.

Cette activité est une initiation au monde lyrique, centrée sur le rôle de l’artiste lyrique en particulier qui fait suite au contact sur padlet et à la venue de Florian Sempey, un artiste à l’envergure internationale, au collège. Florian étant en plus originaire d’une ville proche de celle où j’enseigne ainsi qu’une connaissance personnelle, c’était l’occasion pour faire goûter ce monde à mes élèves, monde très particulier et quelque peu hermétique pour la tranche d’âge visée ( 4° ).

Les outils TICE utilisés sont principalement le site padlet, le google street view sur l’Opéra Garnier et l’app Tellagami (IOS/And) mis on peut trouver une alternative Windows avec GoAnimate.

Un chronomètre est présent à l’écran en widget (dans un coin) ou en mirrorcasting (projection) et ponctue le temps d’une séance en 3 parties de 10mn que j’appelle , en reprenant l’expression consacrée dans le vocabulaire rolistique, un tour de jeu.

Les outils TICE à disposition dans les stratégies des îlots sont nombreux, cela va de Thumbjam à TinyTap en passant par Twistedwaves ou LoopyHD , bref, toutes les apps musicales (ou pas), les sites musicaux , les app de traitement de texte, tableurs, présentations etc.

Les appareils utilisés en cours sont un Mac mini pour la projection des QR codes et 5 ipads qui centralisent les recherches des îlots par rôle.

Chaque séance dure de 25 à 30 mn environ et l’activité est étalée sur 8 semaines.

Les activités à l’intérieur de cette enquête dont le but est de retrouver la baguette du chef d’orchestre sont diverses et sont pour la plupart créées par les élèves eux-mêmes, c’est à dire que les élèves vont imaginer des solutions possibles avec un panel d’applications numériques ou pas afin d’avancer dans l’intrigue. On peut comparer ce mode d’avancée à une progression spiralée choisie par les élèves mais dont les limites se retrouvent dans les unités théâtrales de temps, de lieu et d’espace.

Pour expliquer ce qu’est un jeu de rôle, il y a beaucoup de sites spécialisés qui le feront mieux que moi. Un parmi d’autres : la Fédération Française de Jeux de Rôle. En résumé , c’est une pièce de théâtre interactive menée par une personne qui connâit toute l’histoire à l’avance, un conteur, et où les joueurs incarnent des personnages qui vont proposer des actions influençant l’histoire, actions régulées par le conteur.

Dans ces 30 minutes de jeu, l’organisation en îlots par rôles fluidifie l’avancée de la classe en ponctuant de différentes façon ce moment.

  • les ambassadeurs relatent toutes les 10 minutes environ la stratégie de leur groupe, ce que le groupe cherche, son but immédiat.
  • les espions vont et viennent tout le temps de jeu et apportent des informations à leurs groupes respectifs.
  • les journalistes mettent à disposition de tous sur l’ordi en vidéoprojection classe, les informations qu’ils cherchent.
  • les gardiens du temps fluidifient les recherches et les rôles de chacun surtout si le temps des 10mn s’écoule trop vite comparativement à l’avancée du groupe.
  • j’interviens dès qu’on m’appelle dans un groupe pour incarner l’un des personnages du jeu et interagir avec le groupe.

Chaque groupe est donc en indépendance de recherche et c’est un point qu’on peut comparer aux îlots bonifiés puisqu’une concurrence s’installe dans la phase de recherche. Mais cette concurrence est très vite oubliée dès que les groupes élaborent des stratégies particulières, dès lors la comparaison s’efface face à l’unicité de la stratégie.

L’intrigue se déroule en deux actes, le premier est dérobée à l’opéra qui se situe virtuellement dans le Palais Garnier et le deuxième se situe dans le château de Neuschwanstein en Bavière.

Les élèves rencontrent des personnages qui sont tous liés les uns aux autres par 3. C’est à dire qu’un personnage a des connections avec 3 autres. Il y a 6 personnages, chacun étant prisonnier d’une émotion (peur, tristesse, colère, angoisse, amour, dégoût). Les élèves devront comme dans un vrai jeu de rôle, me proposer des stratégies pour les libérer de ces emprises. Ils pourront se servir d’outils numériques ou non afin d’accomplir leur travail. Une fois l’épreuve faite, ils passent à un interrogatoire où chaque personnage décrira ce que 3 autres ont fait , selon son point de vue, durant la journée et la veille du crime.

Nous avons déjà joué 1 séances avec 3 classes , le jeu démarre véritablement quand un groupe trouve une stratégie particulière. Par l’imitation due aux espions, tous les autres groupes se débloquent naturellement au cours de la première séance. La prologue consistant en la recherche d’un personnage clef, le chef d’orchestre, et donc en la manipulation des outils principaux (comme dans un tutoriel), l’enquête commence véritablement après la vision de la capsule du chef d’orchestre. Mon rôle est de jouer le chef d’orchestre comme s’il était présent et les élèves s’impliquent très rapidement à ce moment là dans leurs rôles. Exactement comme le travail d’un artiste lyrique.

L’identification de l’émotion de la tristesse a été immédiate (mais on sort d’un long travail sur les émotions et leur incarnation sonore en séquence 1 ) quand ils ont rencontré le chef d’orchestre. Les premières idées ont été :

  • idée majoritaire : chercher une harpe et lui en jouer ( app thumbjam avec enregistrement de la harpe contrôlée vocalement ou tactilement)
  • mais aussi : le rassurer en lui redonnant courage ( app twistedwaves en enregistrement)
  • lui jouer d’un autre instrument pour lui changer les idées ( jeu sur le synthé de la classe)
  • lui chanter lascio ch’io pianga (Rinaldo-Haendel , nous nous sommes entrainés en échauffement vocal sur cet air sans savoir que c’était un air d’opéra. L’avantage énorme de la musique baroque, en plus d’être très adaptable à ce jeu, est sa construction tonale basique analogue à la majorité des chansons télés/radios : donc tous les élèves avaient « l’impression » de connaitre cet air alors que non, il a été très facile à apprendre) (soit chant direct soit IMovie en montage avec version Farinelli)

Pour l’instant, j’aime ces moments où je « joue avec » les élèves lors des phases de rencontres de personnages,  ces moments d’autonomie et l’acquisition très naturelle des termes de vocabulaire. On passe rapidement du « gars au bâton » au « maitre d’orchestre » au « chef d’orchestre avec sa baguette ». Cette phase est rapide en particulier au moment des ambassadeurs où le groupe rectifie parfois son ambassadeur et où les autres ambassadeurs reprennent les termes du premier craignant d’avoir moins bien fait. L’auto évaluation et la correction sont donc immédiats. J’aime le fait que la majorité (pas tous bien sur) adhère au jeu et plonge dans cet univers.

J’aime moins ce démarrage lent et fouillis, cela étant du peut-être à mon enthousiasme et à mon impatience, et je me demande comment je vais réussir à gérer et évaluer ce travail car chaque îlot avance à son rythme avec ses idées, et donc sa construction de cours, propres.

 

 

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