Intersubjectivité

Le concept existe déjà, Kant le définit par la faculté de prendre en considération la pensée d’autrui dans sa propre pensée.

Golse approche ce phénomène par des noyaux de pensée. Popper définit l’intersubjectivité comme la base des connaissances dans le constructivisme. Gadamer emploie le terme d’horizons, terme tout à fait savoureux, qui se fusionnent dans le langage dans une croissance partant d’une description, d’un contrôle, pour arriver au particulier de la pensée et le langage.

Il m’apparait que dans des activités qui se basent sur une découverte empiriste du monde, il est nécessaire de penser cette relation à la réalité. Proposer une réalité à un humain quel qu’il soit m’apparait déjà assez prétentieux. J’écris ces lignes sans m’extraire d’ailleurs de cette prétention bien sur.

Cette prétention peut être créditée par un système de sélection culturel ou social , comme une lumière relative sortie du chaos.

Mais j’aime à croire aussi Platon et penser à un monde des idées comme un égrégore indépendant de son propre créateur, attendant de surgir comme un génie de la lampe, tapis dans les ombres indicibles.

Sorti de la croyance et de l’intuition, il reste que l’idée en soi ne s’appréhende pas , selon mes propres observations, comme une vérité absolue mais comme une tension qui se réalise par la création ou la construction.

Plus simplement, j’observe que toutes nos tensions internes se résolvent quoi qu’il nous en coute de les retenir, alors autant le faire dans une construction nécessaire aux autres ( et donc à soi par effets initiateur et rétroactif ).

Si nos réflexions naissent de ces tensions, si d’une dualité mouvante nous « pensons », il m’apparait utile dans les activités de débats inhérentes à nos fonctions de faire réfléchir et argumenter les élèves, de créer un outil intellectuel pouvant les amener à construire de et par ces tensions et non à les opposer.

Cet outil est la carte d’intersubjectivité. Elle peut se décliner en ilots dans un résumé organisé, une mindmap rigide, à l’image du nombre de ceux qui la composent.

Le but de cette carte est de signifier à chacun que l’adjonction des idées peut mener à une compréhension du monde étendue, mais surtout à une compréhension de la compréhension du monde. Plus qu’une carte de connaissance du monde (musical) c’est une carte de connaissance de ses propres filtres d’observation. Connais toi toi-même et …

J’ai limité l’échelle d’investigation de l’idée à 5 étapes, qui me paraissent facilement manipulables par l’esprit. J’ai ainsi défini l’idée par deux causes et deux conséquences.

Une idée a une cause qui a elle-même une cause.

Une idée a une conséquence qui a elle-même une conséquence.

Par exemple lors d’une écoute d’une oeuvre, on pose une question ( ou on fait trouver les questions et les réponses avec la méthodologie des CQQCOQP / 5W ) , du genre « où se passe la performance musicale ? »

Réponse : un concert enregistré

Cause de l’idée : on a enregistré le concert pour capturer un instant unique

Cause de la cause : on ne peut le faire que depuis l’invention et la popularisation de l’enregistrement

Conséquence de l’idée : le lieu influence l’interprétation

Conséquence de la conséquence : les lieux de diffusions changent et sont en inter influences avec les oeuvres (acoustique architecturale par exemple)

Chaque niveau présente des milliers de réponses possibles mais dans une seule réponse principale seulement quelques niveaux sont sous-entendus. On peut le schématiser sous forme d’idées qui s’engendrent.

La fusion de ces niveaux va donner une multiplicité de réponses relatives à chacun. Et bientôt, il y aura dans chaque réponse la conscience d’un aspect relatif.

Cela peut provoquer l’intérêt pour autrui et la recherche non pas d’une vérité absolue mais la recherche des points de vues d’autrui. Par exemple ici en ilots de 5 personnes.

Ce n’est pas la réponse attendue qui prévaudra mais l’interprétation de la réponse, qui signifie le parcours de la personne qui répond.

Ici un exemple de minimap rigide avec 5 ilots de 5 personnes

Chacun pourrait voir toutes les relativités de toutes les idées en une carte.

J’ai testé ce système il y a peu, je n’ai pas encore de conclusion. Je me suis testé moi-même par contre avec ce point de vue , je le pratique parfois avec beaucoup de plaisir. Cela a tendance à accentuer mon écoute de l’autre, bien que je sois naturellement porté sur le discours.

J’ai aussi testé sur moi une forme de temporalité totale, c’est à dire envisager chaque chose et chaque discours dessus avec le point de vue que tout à une naissance une existence et une mort. L’exercice est difficile mais intéressant. C’est un concept adjacent à l’intersubjectivité que je développerai peut-être un jour.

J’adresse des remerciements sans bornes à mes amis #edmus très chers Anne-Claire, Damien et Philippe qui m’aident grandement , indispensablement, à développer ces concepts.

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